Jacques Attali: « la civilité comme solution à nos problèmes »


« Montesquieu la décrit d’ailleurs comme " le signe de la décadence des mœurs d’un peuple ". Et George Orwell complète : " L’incivilité n’est pas un acte de rébellion, mais l’expression d’un mépris paresseux pour la civilisation ". [...] Une fois de plus, Victor Hugo avait tout dit en écrivant dans Choses vues : " L’incivilité n’est pas une liberté, c’est une lâcheté ". Ayons tous le courage, le difficile courage, de la civilité. »

« [L’incivilité] est la forme extrême du " moi d’abord ", qui gangrène toutes les communautés humaines, depuis l’aube des temps. L’incivilité fait de celui qui la commet un passager clandestin qui profite de ce qu’un pays a à offrir sans payer sa juste part. Elle est toujours stupide puis elle finit par retomber vite sur celui qui la commet. »

LIre l'édito de Jacques Attali.

Les idiots de SAAQClic


Dans un hommage à Victor-Lévy Beaulieu, récemment disparu, le journaliste Jean-François Nadeau reprenait ce jugement incisif de l’écrivain de Trois-Pistoles : « Le problème au Québec, c’est qu’on a confondu instruction et culture. On a créé en série des gens instruits mais incultes. »

Pour Mathieu Bélisle, essayiste et membre de la rédaction de la revue L’Inconvénient, ce diagnostic demeure tristement pertinent, notamment à la lumière du scandale SAAQclic. Un scandale dont l’ampleur a dépassé nos frontières, comme en témoigne cet article de Bloomberg. « Tous ces gens instruits se sont comportés en idiots. L’idiot, au sens étymologique (du grec ancien « idiốtês », un peu de culture…), est ainsi désigné parce qu’on le juge incapable de participer à la vie de la cité : il ne parvient pas à sortir de lui-même, n’entre en relation avec personne, vit seul sur son île. 

Or, c’est exactement ce que le scandale SAAQclic a révélé : tous ces gens n’ont pas eu le moindre égard pour l’argent des contribuables ni pour le mandat confié par le gouvernement, comme si rien de tout cela ne les engageait, qu’ils avaient oublié qu’ils étaient eux-mêmes des citoyens... »

Un texte de Mathieu Bélisle à lire dans La Presse. À lire également, ce commentaire de Marc Chevrier sur la perte du sens civique.

Marc Chevrier : le sens du service public est perdu


Notre collaborateur, Marc Chevrier, professeur de science politique à l'UQÀM, a donné une entrevue au Journal de Montréal sur la question de la rémunération de nos dirigeants dans le secteur public.

«Les salaires toujours plus énormes des hauts dirigeants des sociétés d’État sont un signe que nous avons perdu le sens du service public, déplore un politologue. "Au Québec, on aime se péter les bretelles en disant qu’on est une petite Suède d’Amérique du Nord, une social-démocratie. Bien je m’excuse, mais une social-démocratie ne fabrique pas des millionnaires avec de l’argent public", tonne Marc Chevrier»

Le Journal a rajouté une enquête sur les millionnaires de la Caisse de dépôt, qui ne connaît pas la « finitude » pour ses dirigeants.