Causerie

Charles-Pierre Baudelaire
« Vous êtes un beau ciel d'automne, clair et rose !
Mais la tristesse en moi monte comme la mer,
Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose
Le souvenir cuisant de son limon amer.

- Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme ;
Ce qu'elle cherche, amie, est un lieu saccagé
Par la griffe et la dent féroce de la femme.
Ne cherchez plus mon coeur ; les bêtes l'ont mangé.

Mon coeur est un palais flétri par la cohue ;
On s'y soûle, on s'y tue, on s'y prend aux cheveux !
- Un parfum nage autour de votre gorge nue !...

Ô Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux !
Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,
Calcine ces lambeaux qu'ont épargnés les bêtes ! »

Autres articles associés à ce dossier

L'acedia

Jacques Dufresne


L'acedia

Jacques Dufresne

Un mal d'hier qui aide l'homme d'aujourd'hui à mieux se connaître. Voir la Prière de Saint Ephrem.

Lettre à M. de Lamartine (extraits)

Alfred Musset

Humilité du poète qui dépose son spleen aux pieds du maître romantique.

De la tristesse

Michel Montaigne

Certains philosophes, parmi eux Montaigne, se sont fait un devoir de ne laisser aucune emprise à la tristesse sur leur âme. À rapprocher de ce mot

À lire également du même auteur

Assommons les pauvres !
Voici la description que propose de cette oeuvre Alain Garrigou, professeur de science politique à l’université de Paris Ouest Nanterre et directeur de l’Observatoire des sondages : « "Assommons les pauvres ! ", enjoignait cruellement Charles

Vers pour le portrait de M. Honoré Daumier
« Ces stances ont été faites pour un portrait de M. Daumier, gravé d’après le remarquable médaillon de M. Pascal, et reproduit dans le second volume de l’Histoire de la caricature, de M. Champfleury, où cet écrivain a rendu justice au car

Qu'est-ce que le romantisme?
Passage extrait des Curiosités esthétiques.

Mon coeur mis à nu
Oeuvre dense et provocante où Baudelaire témoigne de ses admirations (pour le poète, le prêtre, le soldat, le dandy) et de ses aversions (pour la démocratie, George Sand, les littérateurs arrivistes) avec une franchise étonnante, parfois bruta




Lettre de L'Agora - Printemps 2025