« Pape augustin, pontificat augustinien? Car si Léon XIV a beaucoup cité saint Augustin dès son accession au siège de Saint-Pierre, il n’a pas manqué de faire également allusion aux papes François et Léon XIII. " Je vois ces trois inspirations comme les coordonnées GPS de son pontificat : l’appel à l’unité d’Augustin, la dimension sociale de Léon XIII, la synodalité de François", analyse Patrick Goujon. En tant que jésuite, le prêtre se souvient de comment le pape argentin a pu le bousculer, en introduisant dès 2013 saint Joseph dans la prière eucharistique, ou en s’engageant sur les questions écologiques. " Personne n’aurait pu prédire qu’un jésuite aille dans ces directions ! De même avec Léon XIV : il a beau être augustin, ce qui lui donne une direction, nous devrons pouvoir nous laisser surprendre. "»
À lire dans La Croix.
Rares sont les groupes religieux à s'opposer ouvertement à l'administration Trump. C'est pourtant ce que s'en va faire à Washington un groupe de Quakers, partis à pied de New York: «Un périple de plus de 480 km pour dénoncer la répression des migrants aux États-Unis par l’administration de Donald Trump. Retour sur l’histoire et les convictions d’un courant religieux souvent assez méconnu en Occident. ».
À lire dans La Croix
Dans le cadre d'un entretien avec Jean de Saint-Cheron, directeur du cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris et écrivain, Le Figaro rapporte que «[...] plus de 10 000 adultes, plus de 7 000 adolescents ont été baptisés dans la nuit de Pâques, les chiffres s’envolent depuis trois ans. [...] Tout cela semble correspondre à une dynamique de fond, qu’il semble difficile de séparer d’une authentique quête de sens. »
«Malgré leur addiction aux réseaux sociaux, les adolescents et vingtenaires d’aujourd’hui sont peut-être moins matérialistes que leurs parents, et davantage ouverts à la transcendance. »
«Chaque conversion est l’histoire d’une rencontre. Un peu comme dans ce récit étonnant de la philosophe Simone Weil : " Dans mes raisonnements sur l’insolubilité du problème de Dieu, je n’avais pas prévu la possibilité de cela, d’un contact réel, de personne à personne, ici-bas, entre un être humain et Dieu. J’avais vaguement entendu parler de choses de ce genre, mais je n’y avais jamais cru. Dans les Fioretti les histoires d’apparition me rebutaient plutôt qu’autre chose, comme les miracles dans l’Évangile. D’ailleurs dans cette soudaine emprise du Christ sur moi, ni les sens ni l’imagination n’ont eu aucune part ; j’ai seulement senti à travers la souffrance la présence d’un amour analogue à celui qu’on lit dans le sourire d’un visage aimé."»
Le journal La Croix publie ce 8 mai une tribune libre du rédacteur en chef de Revue Défense Nationale, le général Jérôme Pellistrandi:
Le monde entier s'est réveillé ce matin, 21 avril 2025, en apprenant la triste nouvelle du décès du pape François. Les hommages et analyses de son pontificat n'ont pas tardé à paraître. Voici quelques extraits d'articles qui ont retenu notre attention :
Joe Perticone, l'auteur de ce texte publié dans The Bulwark, une publication conservatrice, anti-trump, était à Rome au moment où la nouvelle de la mort du pape a commencé à circuler.
[Extraits]
François a violemment critiqué les conservateurs qui, au sein de l'Église et au-delà, cherchaient à ignorer ou à rejeter les pauvres, les criminels et les migrants. Même lors de l'une de ses dernières apparitions publiques, au cours de laquelle il a dirigé les stations de la croix le vendredi saint, François a clairement exprimé son mépris pour les dirigeants et les cultures qui refusent de tendre une main secourable aux plus vulnérables de la société.
« Les bâtisseurs de Babel d'aujourd'hui nous disent qu'il n'y a pas de place pour les perdants, et que ceux qui tombent en chemin sont des perdants », a-t-il déclaré. "Leur chantier est celui de l'enfer.
C'était un homme décent en des temps indécents. Sa voix, en ce moment délicat, sera difficile à remplacer.
The Bulwark: Requiescat in Pace, un texte de Joe Perticone
[Extraits]
« John Carr, fondateur du programme Pensée sociale catholique et vie publique à l’université Georgetown, une institution jésuite, commente auprès de l’AFP : "Il est impossible d’imaginer deux dirigeants mondiaux plus différents l’un de l’autre que Trump et François, dans tous les domaines - l’égocentrisme contre l’humilité, l’intérêt pour les pauvres contre l’intérêt pour le pouvoir […] Et cela se voit dans la réponse tiède de la Maison-Blanche à sa mort."»
François, qui avait reçu Donald Trump au Vatican lors de son premier mandat en 2017 pour une entrevue d’une demi-heure, l’avait déjà critiqué pour ses positions anti-migrants. »
«[...] le ton adopté par le pape envers Donald Trump était sensiblement différent de celui qu’il avait à l’égard de l’ancien président Barack Obama. "La relation entre Obama et François symbolisait ce que de nombreux progressistes considéraient comme l’avènement d’une ère progressiste sur la scène mondiale", souligne le New York Times.»L'Express
[Extraits]
Au début de son pontificat, François a fait une déclaration qui semble aujourd'hui prophétique : « Je veux semer le désordre ».
François n'est pas venu apporter la paix, mais une épée. Au nom de qui a-t-elle été brandie ?
[...] Ceux qui attendaient de François un pape « libéral » ont été déçus. L'un après l'autre, leurs espoirs - l'ordination de femmes à la prêtrise ou même au diaconat, l'approbation de la contraception, la fin de l'enseignement selon lequel les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont des « actes de grave dépravation » - ont été anéantis. De leur côté, les conservateurs n'étaient pas davantage rassurés. Même à la fin de son pontificat, leurs pires craintes n'ont pas été apaisées.
[...] François a toujours été une énigme, déconcertant pour les observateurs catholiques et laïques. Cela était vrai même au niveau de sa personnalité. Les deux papes, un mauvais film sur une rencontre hypothétique entre François et son prédécesseur, le pape Benoît XVI, repose sur le contraste entre l'intellectuel allemand austère dont la principale détente était de jouer du Schumann au piano et l'homme du peuple hispanique à l'esprit libre qui s'extasiait devant les Beatles.
C'était un pur non-sens. En littérature, en musique et en art, les goûts de François étaient tout sauf populistes ; son imagination était plus profondément imprégnée de l'esprit du romantisme allemand que celle de Benoît. Il appréciait la difficulté et l'idiosyncrasie pour elles-mêmes, et admirait des artistes et des philosophes réputés inaccessibles. L'un de ses chefs d'orchestre préférés était Wilhelm Furtwängler [...] Son poète préféré était réputé être Hölderlin, ce mystique impénétrable pour qui les dieux païens étaient des personnages réels plutôt que des symboles. Dans ses réflexions sur la technologie, la principale influence de François semble avoir été Heidegger.
The Atlantic: The Real Legacy of Pope Francis, par Matthew Walter
[Extraits]
Le pape François a nommé 83 cardinaux qui voteront pour élire son successeur, sur un total de 132. Il a de ce fait donné sa bénédiction à près des deux tiers de ces électeurs, la proportion nécessaire pour élire un nouveau pape. La révolution progressiste de ce pape hors norme se poursuivra donc peut-être après sa mort.
C’est du moins ce qu’anticipe Catherine E. Clifford, professeure de théologie à l’Université Saint-Paul. « Il serait difficile, pour un successeur, de reprendre les habitudes d’une autre ère », explique-t-elle au Devoir. Une majorité des cardinaux ayant le droit de vote partagerait d’ailleurs les valeur du pape sortant, selon elle. « François avait compris [...] qu’il faut un visage beaucoup plus humble pour l’Église toute entière. Le leadership de l’Église, dans l’avenir, devrait être beaucoup plus proche du peuple et des gens “simples”. »
L’identité du prochaine pape sera connus à l’issue du conclave, qui débutera dans les deux ou trois prochaines semaine. « C’est très important d’avoir un pape qui vient du sud de l’équateur, parce que c’est là que réside la majorité des catholiques aujourd’hui », observe Mme Clifford.
Le Devoir, par Jean-Louis Bordeleau et Alex Fontaine
« Pape augustin, pontificat augustinien? Car si Léon XIV a beaucoup cité saint Augustin dès son accession au siège de Saint-Pierre, il n’a pas manqué de faire également allusion aux papes François et Léon XIII. " Je vois ces trois inspirations comme les coordonnées GPS de son pontificat : l’appel à l’unité d’Augustin, la dimension sociale de Léon XIII, la synodalité de François", analyse Patrick Goujon. En tant que jésuite, le prêtre se souvient de comment le pape argentin a pu le bousculer, en introduisant dès 2013 saint Joseph dans la prière eucharistique, ou en s’engageant sur les questions écologiques. " Personne n’aurait pu prédire qu’un jésuite aille dans ces directions ! De même avec Léon XIV : il a beau être augustin, ce qui lui donne une direction, nous devrons pouvoir nous laisser surprendre. "»
À lire dans La Croix.
Rares sont les groupes religieux à s'opposer ouvertement à l'administration Trump. C'est pourtant ce que s'en va faire à Washington un groupe de Quakers, partis à pied de New York: «Un périple de plus de 480 km pour dénoncer la répression des migrants aux États-Unis par l’administration de Donald Trump. Retour sur l’histoire et les convictions d’un courant religieux souvent assez méconnu en Occident. ».
À lire dans La Croix
Dans le cadre d'un entretien avec Jean de Saint-Cheron, directeur du cabinet du recteur de l'Institut catholique de Paris et écrivain, Le Figaro rapporte que «[...] plus de 10 000 adultes, plus de 7 000 adolescents ont été baptisés dans la nuit de Pâques, les chiffres s’envolent depuis trois ans. [...] Tout cela semble correspondre à une dynamique de fond, qu’il semble difficile de séparer d’une authentique quête de sens. »
«Malgré leur addiction aux réseaux sociaux, les adolescents et vingtenaires d’aujourd’hui sont peut-être moins matérialistes que leurs parents, et davantage ouverts à la transcendance. »
«Chaque conversion est l’histoire d’une rencontre. Un peu comme dans ce récit étonnant de la philosophe Simone Weil : " Dans mes raisonnements sur l’insolubilité du problème de Dieu, je n’avais pas prévu la possibilité de cela, d’un contact réel, de personne à personne, ici-bas, entre un être humain et Dieu. J’avais vaguement entendu parler de choses de ce genre, mais je n’y avais jamais cru. Dans les Fioretti les histoires d’apparition me rebutaient plutôt qu’autre chose, comme les miracles dans l’Évangile. D’ailleurs dans cette soudaine emprise du Christ sur moi, ni les sens ni l’imagination n’ont eu aucune part ; j’ai seulement senti à travers la souffrance la présence d’un amour analogue à celui qu’on lit dans le sourire d’un visage aimé."»
Le journal La Croix publie ce 8 mai une tribune libre du rédacteur en chef de Revue Défense Nationale, le général Jérôme Pellistrandi:
Le monde entier s'est réveillé ce matin, 21 avril 2025, en apprenant la triste nouvelle du décès du pape François. Les hommages et analyses de son pontificat n'ont pas tardé à paraître. Voici quelques extraits d'articles qui ont retenu notre attention :
Joe Perticone, l'auteur de ce texte publié dans The Bulwark, une publication conservatrice, anti-trump, était à Rome au moment où la nouvelle de la mort du pape a commencé à circuler.
[Extraits]
François a violemment critiqué les conservateurs qui, au sein de l'Église et au-delà, cherchaient à ignorer ou à rejeter les pauvres, les criminels et les migrants. Même lors de l'une de ses dernières apparitions publiques, au cours de laquelle il a dirigé les stations de la croix le vendredi saint, François a clairement exprimé son mépris pour les dirigeants et les cultures qui refusent de tendre une main secourable aux plus vulnérables de la société.
« Les bâtisseurs de Babel d'aujourd'hui nous disent qu'il n'y a pas de place pour les perdants, et que ceux qui tombent en chemin sont des perdants », a-t-il déclaré. "Leur chantier est celui de l'enfer.
C'était un homme décent en des temps indécents. Sa voix, en ce moment délicat, sera difficile à remplacer.
The Bulwark: Requiescat in Pace, un texte de Joe Perticone
[Extraits]
« John Carr, fondateur du programme Pensée sociale catholique et vie publique à l’université Georgetown, une institution jésuite, commente auprès de l’AFP : "Il est impossible d’imaginer deux dirigeants mondiaux plus différents l’un de l’autre que Trump et François, dans tous les domaines - l’égocentrisme contre l’humilité, l’intérêt pour les pauvres contre l’intérêt pour le pouvoir […] Et cela se voit dans la réponse tiède de la Maison-Blanche à sa mort."»
François, qui avait reçu Donald Trump au Vatican lors de son premier mandat en 2017 pour une entrevue d’une demi-heure, l’avait déjà critiqué pour ses positions anti-migrants. »
«[...] le ton adopté par le pape envers Donald Trump était sensiblement différent de celui qu’il avait à l’égard de l’ancien président Barack Obama. "La relation entre Obama et François symbolisait ce que de nombreux progressistes considéraient comme l’avènement d’une ère progressiste sur la scène mondiale", souligne le New York Times.»L'Express
[Extraits]
Au début de son pontificat, François a fait une déclaration qui semble aujourd'hui prophétique : « Je veux semer le désordre ».
François n'est pas venu apporter la paix, mais une épée. Au nom de qui a-t-elle été brandie ?
[...] Ceux qui attendaient de François un pape « libéral » ont été déçus. L'un après l'autre, leurs espoirs - l'ordination de femmes à la prêtrise ou même au diaconat, l'approbation de la contraception, la fin de l'enseignement selon lequel les relations sexuelles entre personnes du même sexe sont des « actes de grave dépravation » - ont été anéantis. De leur côté, les conservateurs n'étaient pas davantage rassurés. Même à la fin de son pontificat, leurs pires craintes n'ont pas été apaisées.
[...] François a toujours été une énigme, déconcertant pour les observateurs catholiques et laïques. Cela était vrai même au niveau de sa personnalité. Les deux papes, un mauvais film sur une rencontre hypothétique entre François et son prédécesseur, le pape Benoît XVI, repose sur le contraste entre l'intellectuel allemand austère dont la principale détente était de jouer du Schumann au piano et l'homme du peuple hispanique à l'esprit libre qui s'extasiait devant les Beatles.
C'était un pur non-sens. En littérature, en musique et en art, les goûts de François étaient tout sauf populistes ; son imagination était plus profondément imprégnée de l'esprit du romantisme allemand que celle de Benoît. Il appréciait la difficulté et l'idiosyncrasie pour elles-mêmes, et admirait des artistes et des philosophes réputés inaccessibles. L'un de ses chefs d'orchestre préférés était Wilhelm Furtwängler [...] Son poète préféré était réputé être Hölderlin, ce mystique impénétrable pour qui les dieux païens étaient des personnages réels plutôt que des symboles. Dans ses réflexions sur la technologie, la principale influence de François semble avoir été Heidegger.
The Atlantic: The Real Legacy of Pope Francis, par Matthew Walter
[Extraits]
Le pape François a nommé 83 cardinaux qui voteront pour élire son successeur, sur un total de 132. Il a de ce fait donné sa bénédiction à près des deux tiers de ces électeurs, la proportion nécessaire pour élire un nouveau pape. La révolution progressiste de ce pape hors norme se poursuivra donc peut-être après sa mort.
C’est du moins ce qu’anticipe Catherine E. Clifford, professeure de théologie à l’Université Saint-Paul. « Il serait difficile, pour un successeur, de reprendre les habitudes d’une autre ère », explique-t-elle au Devoir. Une majorité des cardinaux ayant le droit de vote partagerait d’ailleurs les valeur du pape sortant, selon elle. « François avait compris [...] qu’il faut un visage beaucoup plus humble pour l’Église toute entière. Le leadership de l’Église, dans l’avenir, devrait être beaucoup plus proche du peuple et des gens “simples”. »
L’identité du prochaine pape sera connus à l’issue du conclave, qui débutera dans les deux ou trois prochaines semaine. « C’est très important d’avoir un pape qui vient du sud de l’équateur, parce que c’est là que réside la majorité des catholiques aujourd’hui », observe Mme Clifford.
Le Devoir, par Jean-Louis Bordeleau et Alex Fontaine